The Art of Permanence

 
 

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FR
Il me semble que l’architecture réside fondamentalement dans la décision de figer des éléments dans le temps et l’espace, et dans l’acte qui les matérialise finalement. Ce faisant, elle définit et distingue les éléments qu’il nous faut rendre permanents par l’architecture, et le transitoire de la vie que l’on ne peut que laisser immatériel. Ce qui perdure et traverse le temps, et ce qui ne dure qu’un instant. S’il pourrait être tentant d’attribuer une valeur honorifique à ce qui dure, c’est pourtant ce qui passe qui compte réellement — l’instant. C’est pour permettre la vie qu’elle contient qu’on édifie l’architecture, et non pour elle-même. Par la matérialisation, elle cadre un vide chargé de possibles, une enclave de contrôle et de confort au milieu d’une nature insaisissable. Le plein donne au vide ses caractéristiques propres en dessinant ses contours — sa forme, sa couleur, sa température, sa sonorité, son odeur. Il ouvre ainsi l’univers des possibles en accueillant des usages présents plus ou moins définis, et des usages futurs plus ou moins inconnus. C’est dans les espaces vides, habités seulement par le soleil et les courants d’air, où l’on peut y imaginer la table à manger y être dressée, ou le lit y être fait, que l’on peut le mieux saisir l’essence de l’architecture — scène permanente d’un scénario inconnu.

ENG
It seems to me that architecture fundamentally lies in the decision to fix elements in time and space, and in the act that ultimately materializes them. In doing so, it defines and distinguishes the elements that must be made permanent through architecture, and the transient part of life that can only remain immaterial. What endures and spans through time, and what lasts only a moment. While it might be tempting to assign honorary value to what endures, it is in fact what passes that truly matters — the moment. Architecture is built to allow for the life it contains, not for its own sake. Through materialization, it frames a void full of possibilities — an enclave of control and comfort amidst an ungraspable nature. The solid gives the void its own characteristics by drawing its contours — its shape, its color, its temperature, its sound, its smell. It thereby opens up a universe of possibilities, accommodating present uses that are more or less defined, and future uses that are more or less unknown. It is in the empty spaces, inhabited only by sunlight and breezes, where one can imagine the dining table being set, or the bed being made, that one can best grasp the essence of architecture — the permanent scene of an unknown scenario.