Poste de Contrôle Avancé, Orbe — MOZU
Concours — Collaboration : Jules Chabbey
En corse, mozu est la pierre qui marque la limite entre deux lieux, elle borne.
Le projet Mozu propose un parti basé sur l’hybridation des deux polarités essentielles du programme : le PCA comme entrée, à la fois passage et limite — et comme lieu de contrôle du domaine, matérialisé fortement par la centrale d’engagement et de vigie.
Ainsi le bâtiment prend une forme allongée matérialisant la limite à franchir dans lequel apparaissent clairement les 3 accès — visiteurs, personnels, et véhicules. Émergeant au cœur du plan, la tour de contrôle domine et accueille en permettant à l’accès principale du site le passage en sa base.
L’implantation à l’origine de la future Allée des Marais souligne son axialité et le nouveau développement du site en se positionnant perpendiculairement au franchissement à effectuer. Positionnée de manière stratégique avec un angle à 45 degrés la centrale d'engagement et de vigie du PCA prend la forme d’une tour de contrôle observant les 4 éléments structurants du site : la tour de la prison de Bochuz, la maison du directeur, le nouvel Établissement pénitentiaire des Grands-Marais, et le futur accueil du site.
Le projet se caractérise par une grande toiture en pente flanqué de colonnades, s’adressant à l’échelle du site tout en proposant une échelle domestique et accueillante. Le choix d’une telle toiture permet de développer une organisation naturelle du programme interne du projet de manière très claire tout en conservant un projet unitaire ; avec 1 niveau du côté extérieur du périmètre contrôlé et 2 niveaux du côté intérieur du périmètre afin d’exploiter pleinement toute la hauteur sous toiture. Au rez-de-chaussée l’intégralité de l’emprise au sol est utilisée afin de répondre aux programmes nécessitant un rapport direct à l’extérieur ou une sécurité moins forte. Au 1er étage, seule la moitié de l’emprise est utilisée pour aménager les espaces d’accès restreint du personnel et de l’administration sous toiture. Le tout est traversé par la tour articulant tous les espaces du projet et développant au 2ème et 3ème étages les lieux les plus sécurisés du PCA.
La structure de bois du projet se développe sous la forme d’une grille présentant de légères variations, unies sous une même toiture. La trame principale de 3.85x3.85m permet d’utiliser les propriétés du bois de manière économe. De part et d’autre du projet la trame s’élargie pour correspondre à des besoins en portées plus importants. Au centre, la tour est générée par une structure en béton s’inscrivant de manière biaise au sein de la grille. Ainsi la grille se transforme de manière subtile au travers du projet, exprimant la nature hybride du programme et de la proposition.
Le processus de passage au sein du bâtiment est une part essentielle du projet. La toiture et la colonnade accueillent et dirigent les visiteurs vers trois accès distincts exprimés avec clarté par des renfoncements ou des panneaux d’acier à la perforation plus transparente. Si le portique agit comme une première couche à traverser, les renfoncements agissent comme des seuils supplémentaires à franchir avant d’entrer dans le généreux hall d’accueil triangulaire. De là, la trajectoire du visiteur est infléchie pour passer les sas de contrôle sous la masse de la tour de béton avant de rejoindre symétriquement le hall d’attente, le seuil de sortie, puis le portique de la façade arrière. La tour, par l’inflexion du cheminement du visiteur, met à distance les deux mondes qu’elle sépare et génère une véritable lobotomie visuelle entre eux. Ainsi elle devient le cœur de l’articulation programmatique et architecturale du projet à l’échelle du bâti, autant que l’articulation visuelle du site à l’échelle du paysage.